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mardi 22 novembre 2011

Comment retravailler après un cancer?

Huit salariés sur dix retravaillent après un cancer. La phase de reprise est déterminante dans la reconstruction psychique de ces personnes, pour autant, peu d'entreprises ont formalisé des actions pour faciliter leur réintégration professionnelle. (source: novethnic.fr)

Valérie, jeune cadre dans un cabinet en ressources humaines depuis cinq ans, se souvient encore du jour où elle a réintégré à mi-temps son entreprise, après un arrêt maladie de neuf mois du à un cancer. Les premiers jours, l’accueil est chaleureux, ses collègues sont ravis de la retrouver en bonne santé. Mais peu à peu, les rivalités professionnelles reprennent le dessus. Le transfert d’une partie  des missions de Valérie sur sa remplaçante la met vite en position inconfortable. Comme si, en reprenant son poste, la jeune femme lui avait en quelque sorte « piqué sa place ».  Pics sournoises, conflits larvés… Entre les deux salariées, le malaise s’amplifie. Mais la hiérarchie ferme les yeux. Lasse de devoir gérer seule la situation, Valérie demande une prolongation de son mi-temps. Ce qui contribue à la mettre à l’écart du groupe et précipite sa décision de quitter l’entreprise pour se mettre à son compte…

Cette histoire n’est pas exceptionnelle. Manque d’anticipation du retour au travail après un cancer,  tabous autour de la maladie, incompréhension de la Direction, discrimination de la part des collègues, rétrogradation de poste… Ce sont souvent là les obstacles à la réintégration professionnelle des personnes victimes d’une longue maladie. Pourtant, la problématique est suffisamment significative pour que les employeurs y prêtent attention. Chaque année, sur les 350 000 personnes touchées par le cancer en France, 100 000 occupent un emploi et près de 80% des personnes actives guéries reprennent leur travail, selon une enquête de 2011 de l’Institut Curie. D’où la nécessité, au niveau du top management de tout mettre en œuvre pour faciliter le retour de ces personnes dans l’entreprise. Et c’est d’ailleurs l’une des priorités du Plan cancer 2009-2013 : « Lever les obstacles à la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer ». L’enjeu : mieux faire connaître les possibilités d’insertion ou de réinsertion professionnelle, le dispositif de la visite de pré-reprise prévue par la loi et les aménagements du poste de travail. Bien souvent, c’est une nécessité: 61% des salariés victimes d’un cancer se disent en effet plus fatigués qu’avant la maladie et 33% signalent des troubles de la mémoire et de la vigilance, selon l’étude de l’Institut Curie.


Pour vivre le mieux possible ce retour dans le milieu du travail, le Dr May-Levin donne quelques conseils (source: linternaute.com):
"Avant toute chose, je dirais aux employeurs d'être compréhensifs. Ils doivent être capables de considérer que la personne qui s'est absentée plusieurs mois pour maladie a énormément souffert. Ce n'est pas la peine d'en rajouter." En outre, il faut faire confiance, c'est la seule façon de réinstaurer des relations de travail normales.

"Aux malades, je conseillerais de garder le plus possible contact avec le milieu du travail. Appelez vos collègues, passez au bureau à l'occasion, bref, montrez que vous vous y intéressez toujours et qu'il n'y a pas rupture du lien. Ainsi, la reprise du travail se fera dans une certaine continuité." Certaines personnes parviennent à continuer à travailler pendant leur traitement, "c'est quelque chose que je recommande lorsque c'est possible", comment Françoise May-Levin.

Pour les personnes qui ne se sentiraient pas capables de reprendre une activité à temps plein, l'option du mi-temps thérapeutique peut être très intéressante : elle permet de reprendre en douceur, en commençant par une activité à temps partiel. Le temps de travail est payé par l'employeur et la sécurité sociale compense la perte de salaire en versant des indemnités journalières.


Malgré les recommandations du Plan Cancer, dans les faits, bon nombre d’entreprises improvisent le retour des salariés après leur guérison, ce qui ne favorise pas leur réintégration. Cela se traduit par un manque de coordination au niveau des acteurs de la prévention. Selon l’étude réalisée par l’Institut Curie, dans 92% des cas, le médecin du travail n’a pas été en contact avec les équipes soignantes. Et la visite de pré-reprise, réalisée à la demande du salarié, n’a lieu que dans 24% des cas. Des entreprises font toutefois figure d’exemple. A EDF, les visites de pré-reprise sont systématiques : « Ce rendez-vous, sollicité par le salarié, son médecin et le médecin conseil de l’entreprise, permet d’envisager les différentes solutions pour aménager au mieux son poste de travail, explique Pierre Mathevon, médecin du travail à EDF. Se positionner comme une entreprise socialement responsable est une démarche qui se justifie sur le plan humain mais aussi, économique. » Chez Electricité de Strasbourg, un plan  d’actions et de prévention a aussi été formalisé : « Les personnes concernées peuvent bénéficier de conseils diététiques, de séances de sophrologie ou d’un aménagement de leurs horaires de travail à leur retour », explique Martine Hoff, à la Direction des relations extérieures de ce groupe de près de 1000 salariés. Et pendant la maladie, les liens avec les collègues ne sont pas coupés : le  salarié peut participer aux repas de services. Une façon de briser les tabous…

Démarche formalisée en Allemagne
Ces exemples ne sont toutefois pas légion dans l’Hexagone. Outre-Rhin, en revanche, plusieurs dispositifs existent pour faciliter le retour à l’emploi des salariés, de façon progressive, comme le montre une récente étude du CREDOC (« Les logiques d’action des entreprises à l’égard des salariés atteints du cancer : une comparaison France Allemagne », 2008). Il faut dire que depuis 2004, la loi contraint les employeurs allemands à veiller à la réintégration des salariés en situation de maladie prolongée. En France, sans forcément bénéficier de dispositifs  sophistiqués, il existe néanmoins des outils simples pour faciliter le retour au travail. Un exemple ? Le livret d’information. Ce document peut contenir des informations pratiques sur les aides proposées au salarié de retour dans l’entreprise, de même que des témoignages d’anciens patients qui ont su faire face aux difficultés et aux préjugés. Une façon de mieux anticiper les éventuels problèmes liés à la réintégration. Car la guérison d’une personne ne dépend pas uniquement d’elle : c’est aussi à l’employeur socialement responsable de l’aider à se reconstruire psychiquement. (source: novethnic.fr)

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