La caféine, c'est bien connu, est un stimulant; elle facilite la transmission de la dopamine, un neurotransmetteur associé aux sensations de plaisir, et augmente la pression artérielle ainsi que le rythme cardiaque. (source: technoscience.net)
Certaines études ont montré qu'une consommation de quatre à sept tasses de café par jour chez une femme enceinte doublait le risque de faire une fausse couche, d'avoir un enfant mort-né ou un enfant de faible poids à la naissance. Mais qu'en est-il d'une consommation de moindre importance ?
C'est ce qu'Anick Bérard, professeure à la Faculté de pharmacie de l'Université de Montréal, et son étudiante à la maitrise Rihab Gamaoun ont voulu savoir en recherchant les corrélations possibles entre consommation de café et nouveau-nés de faible poids.
Première constatation, il n'existe aucune norme canadienne à laquelle peuvent se référer les femmes enceintes relativement à leur consommation de café. "La seule norme concerne toutes les femmes en âge de procréer, à qui l'on conseille de se limiter à trois tasses par jour", mentionne Anick Bérard qui voit, dans l'absence de lignes plus précises, un manque de souci à l'égard de la santé périnatale.
Si la norme s'adresse à toutes les femmes en âge d'avoir des enfants, c'est à cause des risques de fausse couche, un avortement spontané pouvant survenir avant même que la femme sache qu'elle est enceinte. Aux États-Unis, les organismes de santé recommandent aux femmes enceintes de s'en tenir à deux tasses quotidiennement.
La recherche de Rihab Gamaoun, effectuée auprès de 3500 femmes ayant donné naissance à un enfant vivant, a permis d'établir que 18 % d'entre elles avaient consommé de une à trois tasses de café tous les jours durant leur grossesse, une échelle dont la marge supérieure dépasse la norme américaine. Et 4 % des femmes de cet échantillon en buvaient plus de trois tasses chaque jour.
Ces données révèlent un taux de consommation plus faible que les chiffres de Santé Canada, qui établissent à 15 % la proportion de femmes enceintes consommant plus de quatre tasses par jour. Mais ils n'empêchent pas les deux chercheuses d'estimer que la consommation de café est élevée et va au-delà des limites recommandées.
Il restait à corréler ces habitudes avec le poids des nouveau-nés. Contre toute attente, aucun lien significatif n'a été observé entre caféine et faible poids du bébé. "Étant donné la taille importante de notre échantillon, nous pensions qu'une corrélation significative allait ressortir mais, lorsque nous retranchons l'effet des autres facteurs de risque tels que le tabagisme, l'alcool, l'hypertension et l'asthme, la caféine même à forte dose ne semble pas avoir d'effet sur le poids de l'enfant. Les études qui ont montré l'existence d'un tel lien n'avaient pas pris en considération ces autres facteurs", affirme la professeure.
Toutefois, elle s'empresse d'ajouter un "mais". "Notre étude ne porte que sur le poids du bébé. Pour des raisons éthiques, nous n'avons pas pu inclure les cas de fausses couches ni d'enfants mort-nés. On ne peut donc pas conclure que le café est sans danger durant la grossesse, puisque des liens ont déjà été établis entre caféine et fausses couches."
L'un des principaux éléments responsables de fausses couches étant les malformations congénitales, les chercheuses poursuivent leurs travaux sur les liens possibles entre caféine, malformations et naissances prématurées.
Mais ces effets sont obtenus à partir d'une consommation supérieure à cinq tasses par jour. À cette quantité, la caféine entraine des troubles du sommeil et aggrave les problèmes de glaucome et d'hypertension, en plus de faire courir des risques au foetus.
"Si jamais le café avait des effets bénéfiques chez l'adulte, je n'en vois pas pour le bébé", souligne Anick Bérard. En l'absence de normes ou de consensus, mieux vaut donc user de prudence.
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