Comparé à il y a cinquante ans, le premier accouchement d’une femme dure deux heures de plus: 6 h 30 environ aujourd'hui, contre 4h il y a 50 ans. On aurait pu croire qu’avec les progrès de la médecine la naissance d’un nouveau-né prendrait moins de temps que par le passé. Il n’en est rien. C’est ce que révèle une étude américaine, qui a comparé près de 140.000 naissances de 1959 à 2008.
Mais d'après l'étude, c'est l'évolution des techniques et des méthodes d'accouchement, et non les femmes elles-mêmes, qui expliquent ces accouchements plus longs. Et parmi elles, la péridurale. Si elle soulage le dos, cette anesthésie rallonge aussi le temps passé en salle de travail. Et ce n'est pas négligeable : l'accouchement prendrait 40 à 90 minutes en plus, assure Katherine Laughon sur le site Jezebel (article en anglais).
Sur le site de la radio nationale américaine NPR (article en anglais), son co-auteur Ware Branch estime qu'aujourd'hui, 85% des femmes ont recours à la péridurale. "Une fois que c'est en place, elles restent allongées", explique-t-il. "Au début des années 60, combien se levaient pendant le travail et allaient se promener ?"
Deux types d’explications expliquent ce phénomène, indique NPR. La première est naturelle, les femmes accouchent aujourd’hui quatre ans plus tard qu’en 1960. Sans compter que leur IMC (indice de masse corporelle) est plus élevé ainsi que le poids du nouveau-né, environ 100g de plus.
Les conclusions de l'enquête (en anglais) de l'Institut américain de la santé, réalisée à partir de 140 000 naissances entre 1960 et 2000, sont formelles : les futures mères seraient plus grosses que leurs aïeules. L'indice moyen de masse corporelle est aujourd'hui de 24,9, contre 23 pour l'ancienne génération.
Mais les docteurs Ware Branch et Katherine Laughon soulignent surtout l’importance de la responsabilité médicale. Notamment en ce qui concerne la césarienne. Actuellement, les obstétriciens s’empressent d’en réaliser alors qu’il est trop tôt, car ils utilisent un critère dépassé de ce que l'on devrait considérer comme un temps «normal» de travail.
Autre raison avancée par les Dr Laughon et Braunch: l’utilisation de l’ocytocine, une hormone qui est censée accélérer les contractions et donc l’accouchement. Pourtant, ce dernier dure plus longtemps. Selon le Dr Laughon, c’est que les médecins devraient attendre plus de temps avant de prescrire le médicament.
«Les femmes ont peut-être simplement besoin de plus de temps pour accoucher que par le passé» conclut-elle.
Le Dr Bujold tempère quant à lui l’ensemble de cette étude en expliquant que «ce sont des données collectées dans les années 1960. Alors même si elles sont d'excellente qualité, je doute qu'elles aient été colligées exactement de la même façon que celles des années 2000».
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