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vendredi 6 janvier 2012

Sterilité et divorce: Un débat

On estime à 15% les Marocains confrontés à des problèmes de stérilité ou d’infertilité, avec leur lot de problèmes conjugaux, de divorces, de polygamies… La société marocaine admet difficilement qu’un couple marié soit sans enfants. (source: lavieeco.com)
 

Il n’y a pas pire malchance que peut vivre un couple marié que d’être incapable d’enfanter. Les hommes, autant que les femmes, peuvent souffrir de stérilité dans un couple : les statistiques parlent de 30% de cas de stérilité dus à des facteurs masculins (anomalies de spermes, anomalies génétiques…), 30% à des facteurs féminins (trouble de l’ovulation, trompe obstruée…), et dans 30% des cas cette stérilité peut être causée par une association de facteurs masculins et féminins. Les 10% des cas restants concernent des couples ne souffrant d’aucun handicap organique, mais n’arrivant pourtant jamais à enfanter. Statistiquement, on estime à 15% les Marocains confrontés à des problèmes d’infertilité, ou carrément de stérilité (entre 15 et 17% dans le monde). La nuance est importante, explique-t-on : la stérilité pour la femme comme pour l’homme, c’est être dans l’incapacité de procréer, alors que l’infertilité signifie qu’il y a encore de l’espoir.

Dans 70 à 80% des cas, le médecin arrive à identifier le problème de la stérilité
Cet espoir, beaucoup de couples s’y accrochent  puisque le traitement de l’infécondité s’est nettement amélioré : dans 70 à 80% des cas, le médecin arrive à identifier le problème. Les traitements sont parfois simples et conduisent à une grossesse dans un cas sur trois, par ce qu’on appelle dans le jargon spécialiste la procréation médicalement assistée (PMA). Seules 20% des cas arrivent au stade de la FIV (voir encadré), après avoir tenté toutes les autres méthodes, dont l’insémination artificielle et l’injection cytoplasmique de sperme. Mais toutes ne réussissent pas et la FIV, méthode de procréation très fiable au Maroc, elle, coûte cher (entre 25 000 et 30 000 DH) et, donc, n’est pas à la portée de toutes les bourses.
«Il faut savoir que la plus grave maladie, après le cancer, qui peut toucher un couple, est la stérilité. C’est un handicap majeur. Elle est l’une des causes principales de divorce au Maroc, et des problèmes conjugaux», indique le Pr Youssef Boutaleb, ancien médecin chef du Service de gynécologie-obstétrique du CHU de Casablanca et le premier médecin à avoir, en 1990, introduit la FIV au Maroc.
Aïcha D. et Hamid R. se sont mariés en 1980. Elle est institutrice, lui, employé au ministère des finances. Deux années passent, sans l’ombre d’une grossesse. Les voisins, les amis, et notamment les membres de la famille de l’époux commencent à jaser, braquent leurs projecteurs sur le couple, avec un doigt accusateur à l’endroit de l’épouse. Or, «deux années dans la vie conjugale d’un couple ne sont jamais suffisantes pour affirmer qu’il y a stérilité, mais, au-delà, il est conseillé de consulter un spécialiste pour savoir la raison, ou les raisons, de l’incapacité du couple à procréer d’une façon naturelle», explique un gynécologue au CHU de Casablanca. Le couple ne désespère pas, mais tient bon, et reste déterminé à avoir un enfant. Les examens auprès du spécialiste ne révèlent aucune anomalie chez la femme, ce sont les spermatozoïdes de l’époux qui sont incriminés : leur qualité est inférieure à la normale. Or, les méthodes de PMA n’existaient pas encore au Maroc. Au bout de cinq ans de mariage, la fécondation n’a toujours pas lieu, et c’est plutôt la femme qui culpabilise. Tout le poids de la responsabilité pèse sur ses épaules, car, elle le sait, sans enfants son mariage est voué à l’échec. Elle consulte alors, sans même avertir son mari, un autre gynéco. «On ne sait jamais», se dit-elle avec espoir. En effet, la société marocaine continue d’attribuer la stérilité à la femme, comme le souligne avec force Houda El Aaddouni, chercheuse en anthropo-sociologie de la santé à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Dhar el Mahraz à Fès. D’où «la problématique des divergences existant entre le discours médical et les représentations du commun. Celles-ci se trouvent être d’autant plus renforcées que certaines femmes acceptent de se prêter à des examens et autres diagnostics, ce qui accentue le processus de culpabilisation qui pèse sur elles».
Une autre sociologue, Rahma Bourquia, explique dans son livre La femme et le langage, approches, femme et pouvoirs (Ed. Le Fennec 1990), que la stérilité masculine peut fréquemment être transformée par l’entourage familial en stérilité féminine. «Vis-à-vis du genre féminin, nous sommes confrontés à la représentation d’un corps féminin considéré comme passif, diminué et vide, autant de caractéristiques qui rendraient la femme apte à supporter tous les malheurs».  (source: lavieeco.com)

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