Contrairement aux idées reçues, plus les femmes travaillent, plus la fécondité est élevée, expliquent des démographes dans une étude publiée jeudi, qui examine les liens entre naissances et progrès économique dans les pays riches.
"La fécondité (nombre d’enfants par femme en âge de procréer, NDLR) a nettement baissé dans l'ensemble des pays de l'OCDE entre 1960 et 2008 jusqu'à se situer en dessous du seuil de remplacement des générations de 2,1 enfants par femme", écrivent les chercheurs Angela Luci et Olivier Thévenon, de l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Toutefois, "on observe qu'après avoir baissé jusqu'en 1995, la fécondité a légèrement réaugmenté depuis dans une majorité de pays", observent-ils."Dans l'ensemble des pays de l'OCDE, elle est passée en moyenne de 1,69 enfant (par femme) en 1995 à 1,71 en 2008", un "rebond particulièrement marqué en Espagne, France, Belgique, Royaume-Uni et Irlande".
Pour comprendre cette remontée, les chercheurs ont examiné les relations entre les taux de fécondité et richesse, et observé "une augmentation de la fécondité lorsque le niveau économique progresse, à partir d';un PIB par tête d'environ 30.000 dollars".
Mais ce lien ne marche pas pour tous les pays, les pays scandinaves et anglo-saxons, ainsi que de la France? ayant par exemple "une fécondité bien plus élevée que celle attendue au vu de leur PIB".
"Les différences de PIB par tête ne suffisent donc pas à expliquer les écarts de fécondité d'un pays à l'autre", en déduisent les démographes.
Ils ont donc choisi d’examiner précisément le taux d’emploi des femmes.
"Dans la plupart des pays les plus riches, la remontée de la fécondité est associée à un taux d'emploi élevé chez les femmes", constatent-ils.
En particulier, "la possibilité pour elles de concilier travail et famille apparaît comme un facteur clé du rebond de la fécondité".
Ainsi, si "aux stades relativement précoces de développement" économique d’un pays, les femmes peuvent repousser la maternité car elles font de plus en plus d’études (faisant ainsi baisser la fécondité), "arrive un moment où si la femme travaille, le revenu additionnel qu'elle apporte au ménage sécurise sa situation économique et rend le surcoût lié à l'arrivée d'un enfant supplémentaire supportable", explique l’étude, qui évoque aussi "l'aide éventuellement fournie par l'État s'il existe une politique familiale". (AFP)
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