Epitomax ou Topamax: attention, on ne maigrit pas n'importe comment !

En France, l’Epitomax (topiramate, nom commercial dans certains pays: Topamax, pour la Belgique) a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter des pathologies neurologiques comme l’épilepsie ou la migraine. S’il est très efficace pour ces indications, il s’accompagne d’effets secondaires spectaculaires, dont notamment la perte de poids. Un effet sur l’appétit qui n’a pas échappé à certains praticiens, poussés à jouer aux apprentis sorciers pour satisfaire des patients prêts à tout pour maigrir. « C’est une tentation pour les médecins, quand ils ne savent pas quoi faire », expliquait déjà à France-Soir le Dr Jean-Michel Cohen. (source: France-Soir)

Hier, l’Afssaps a publié une mise en garde ainsi qu’une lettre aux professionnels de santé. Un seul mot d’ordre : la vigilance. L’organisme interpelle médecins et pharmaciens à ne pas tolérer ces prescriptions hors AMM. Le médicament n’a fait l’objet d’aucune évaluation de son efficacité et de sa sécurité d’emploi dans l’amaigrissement. « Cette utilisation en dehors des indications présente de nombreux risques », indique le communiqué, précisant que l’Epitomax diminuerait l’efficacité de la contraception œstro-progestative chez la femme et, lors d’une grossesse, exposerait le fœtus à des malformations. Chaque mois, entre 80.000 et 90.000 boîtes de cet antiépileptique sont vendues.

Fourmillements, somnolences, vertiges, nausées, diarrhées, troubles cognitifs… La liste des effets indésirables, dûment signalés par le laboratoire pharmaceutique, est longue. Réagissant à aux révélations du journal français, le Dr Jean Vrigneaud, président du Syndicat national des neurologues, jugeait « purement scandaleux » que des médecins prescrivent cet anticonvulsant, hors de son autorisation de mise sur le marché, comme nouveau coupe-faim miracle. « Les praticiens qui prescrivent l’Epitomax juste pour maigrir prennent autant de risque qu’avec le Mediator », ajoutant que « ce n’est pas en regardant le Vidal à la recherche d’effets secondaires qu’on prescrit un médicament ». Interviewé par France-Soir la semaine dernière, le Pr Dominique Maraninchi, directeur de l’autorité sanitaire, avouait ignorer le détournement de l’Epitomax, rappelant toutefois qu’« on ne peut pas prescrire n’importe quoi à n’importe qui pour n’importe quelle raison ». Ces prescriptions hors AMM échappent donc à tout contrôle, le système étant censé fonctionner tout seul. « Le médecin prescrit, le pharmacien délivre. Ils engagent leur responsabilité personnelle », justifiait le Pr Maraninchi.

Les effets du topiramate comme anorexigène et comme médicament anti-addiction font l'objet d'étude depuis plusieurs années. En octobre dernier, la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine du médicament, a refusé une autorisation de mise sur le marché d'un médicament (Qnexa) combinant le topiramate à la phentermine (un dérivé de l'amphétamine). Une étude publiée en avril dernier dans le Lancet montrait une efficacité de cette combinaison. Mais la FDA s'inquiétait notamment des risques de malformation congénitale (lié à l'anti-épileptique) et des risques cardiaques. (source: psychomedia.ca)