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jeudi 4 août 2011

Une femme opérée du cerveau tout en étant éveillée


Côté face, la scène est des plus banales. Une jeune femme allongée sur le flanc se livre à des exercices élémentaires de langage et de motricité, "Ceci est un chat. Ceci est un oiseau. Ceci est un soleil"(Plus d'infos sur la Provence.com).  Pourtant, en nommant un à un les dessins qui défilent sous ses yeux, Coralie, 23 ans, est en train de remporter une incroyable victoire sur elle-même. Car côté pile, sous la lumière implacable des scialytiques du bloc opératoire, c'est un tout autre spectacle. Du genre à faire tourner de l'oeil les âmes sensibles...
Sous la large entaille pratiquée dans la boite crânienne de la patiente, une partie du cerveau est à nu. "L'intervention consiste à enlever les restes d'une tumeur déjà opérée. Ces lésions se situent dans des zones très délicates", résume le Pr Philippe Metellus. De ses doigts gantés, le neurochirurgien prend délicatement ses repères. À l'aide d'une petite sonde en forme de pic à brochette, il envoie un courant électrique de faible intensité pour stimuler la surface du cortex point par point. Objectif : "Détecter les régions cruciales, celle du langage notamment, afin de les préserver du bistouri".


Plasticité du cerveau
"Go... stop !" prévient le chirurgien à chaque stimulation. Dans ce laps de temps, la patiente doit réaliser un exercice : nommer un dessin, tracer le milieu d'une ligne, repérer un "L" dans un enchevêtrement de lettres. Quand Coralie butte sur un mot, que son débit ralentit, qu'elle dit ressentir des fourmillements dans les doigts, le Pr Metellus pose une petite étiquette à même le cerveau pour marquer la zone stimulée.
Afin de ne plus y toucher. Il y a encore dix ans, les tumeurs et lésions situées à proximité des zones fonctionnelles du cerveau étaient inopérables en raison des dégâts causés par le bistouri. La chirurgie éveillée a totalement changé la donne. Depuis sa première intervention, en 2005 à la Salpétrière, le Pr Metellus a "collaboré" avec une centaine de patients de La Timone. "Ces interventions ont été rendues possibles grâce au progrès de la connaissance anatomo-fonctionnelle du cerveau", explique le neurochirurgien.
Les spécialistes ont notamment observé les formidables capacités de plasticité du cerveau : "Les tumeurs de bas grade se développent lentement. Le cerveau a donc le temps de se réorganiser profondément. Et le plus souvent, la fonction touchée se déplace à distance de la lésion.


Jusqu'à 2h30 d'intervention éveillée
"Une "cartographie" que même l'imagerie médicale n'est pas capable de reproduire assez précisément. C'est pourquoi seule une stimulation in vivo permet au chirurgien de localiser les zones fonctionnelles. "Chaque cerveau est unique", résume le Pr Metellus. Jusqu'à 2h30 d'intervention éveillée La partie "éveillée" de l'intervention de Coralie durera 1h30. "Cela peut aller jusqu'à 2h30 sur des opérations de 4 à 6 heures", explique le neurochirurgien.
Endormi pendant l'ouverture de la boite crânienne et l'incision de la méninge, le patient est progressivement réveillé par arrêt des perfusions d'anesthésiants. La douleur ? "Paradoxalement, le cerveau qui est le centre de toutes les sensations ne la ressent pas car il n'est pas innervé", précise Philippe Metellus. Durant la partie éveillée de la chirurgie, seuls des analgésiques classiques sont délivrés pour limiter les désagréments liés à la position du patient: complètement immobilisé sur le flanc, la boite crânienne vissée sur un trépied afin d'empêcher tout mouvement.
Reste l'aspect psychologique d'une telle intervention. La maîtrise de soi dont doit faire preuve le patient est une condition absolument nécessaire à la réussite de l'opération. "Tous ne sont pas capables de coopérer sans paniquer. C'est pourquoi chaque malade est préalablement évalué par un psychologue", explique un anesthésiste. Mais, à partir du moment où le malade est de bonne composition, tout devient possible : "Un jour, nous avons opéré un patient sourd et muet en communiquant par la langue des signes".
Coralie, une jeune maman qui attend son second enfant
Aux dires de l'équipe soignante qui l'a entourée, rassurée, encouragée tout au long de l'épreuve bloc, Coralie fut une assistante particulièrement efficace. Samedi dernier, soit 4 jours à peine après son intervention, la jeune femme nous recevait, en pleine forme dans sa chambre de La Timone (lire ci-dessous). À 23 ans, Coralie, déjà maman d'un bébé d'un an, envisage l'avenir avec confiance. "Juste avant l'opération, j'ai découvert que j'étais enceinte de trois semaines. Avec bientôt deux enfants, je vais tout faire pour avoir la pêche !" . On la croit sur parole. (Plus d'infos sur la Provence.com)

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